La conquête de l’Alsace en anciennes

C’était dans les tuyaux depuis longtemps et beaucoup pensaient que jamais ça ne se réaliserait jamais. Une sortie exceptionnelle en direction de l’Alsace, en voitures anciennes, a été proposée par le Rétromobil club avec, pour objectif de visiter la Cité de l’automobile, à Mulhouse.

Pendant la semaine du 10 au 15 avril 2023, une douzaine d’équipages du Rétromobil Club, regroupant 27 personnes, se sont lancés à la conquête non pas de l’espace, mais de l’Alsace.

Ce lundi 10 avril, quand d’autres cherchent encore les œufs, que les cloches sonnent encore et que la digestion du gigot d’agneau familial se termine !!, nous partîmes de bonne heure et forcément de bonne humeur en direction de Beaune qui sera notre première étape.

Rendez-vous sera donné au club pour cinq équipages qui, après un café, s’élanceront.

Les quatre autres équipages partiront de leurs lieux de résidence, soit de Limoges, soit de Treignac, pour une jonction programmée à Lapalisse… pour y créer leur embouteillage !!!

Tout se passe pour le mieux, mis à part la traversée soudaine et inattentionnelle d’un chevreuil qui laissera des traces sur la carrosserie de la Daimler 250, dont l’échappement avait aussi décidé qu’il ne ferait pas le voyage. Sueur froide pour son conducteur et sa passagère ; la réparation sera effectuée en un temps record et une fois l’échappement remis en ordre, l’équipage reprendra la route. « Ce n’est pas un frêle animal qui les empêcherait de continuer. »

Un premier arrêt au pied des monts d’Auvergne nous permettra d’admirer les entrailles de la DS, « bon, le niveau du LHM est correct… », « pour le niveau d’huile c’est ok ! » Notre DS roulerait-elle à la Motul 2 temps ? Les spécialistes apprécieront.

Nous arriverons à Lapalisse, à l’aire des Vérités (lieu de départ du Bouchon de la Nationale 7), après de plus de 200 km de nationales et de départementales, pour une pause déjeuner bien méritée. Certains ne manqueront pas l’occasion de se faire photographier au volant de la Dauphine jaune canari. Bonne humeur, encore et toujours.

Pendant notre pause pique-nique, nous assisterons en live à la mort d’une belle américaine ayant voulu lutter avec un arbre, c’était peine perdue !, la Belle mourra sous nos yeux, son liquide de refroidissement se déversant sur la chaussée, les occupants s’en sortiront sans mal. Par respect pour la Belle et pour ne pas froisser les sensibilités, nous nous interdirons de publier des photos.

Nous partîmes en groupe, direction Beaune pour notre première nuit d’étape avec les 150 km restants.

La route sera jonchée d’innombrables ralentisseurs et radars automatiques. Les Citroënistes se délecteront de leurs suspensions, d’autres moins bien lotis les mettront à dures épreuves. Nous voyons bien que la Nature ne nous met pas tous à égalité.

Une fois arrivé à l’hôtel, le groupe fera une balade, cette fois-ci pédestre, dans Beaune, autour de la place des Hospices. Des noms prestigieux, Clos-Vougeot, Vosne-Romanée, Corton Charlemagne, et bien d’autres s’écriront sur les murs, ouvrant ainsi l’appétit, nous prendrons notre premier diner dans un bien agréable restaurant.

Une première nuit à l’hôtel permettra le repos pour les machines humaines et mécaniques.

Mardi 11 avril

Après une nuit de repos, tous les équipages se retrouvent au château de Savigny-lès-Beaune (bâti vers 1340). Nous aurons la chance de pouvoir rentrer dans l’enceinte et y stationner nos véhicules .

Nous n’imaginons pas de ce qui nous y attend ! Car en plus du château et de son vignoble qui propose des crus de meursault, pommard ou volnay, le site accueille plusieurs collections dont la première qui saute aux yeux est celle d’avions de chasse, alignés derrière le château, au pied des vignes, dans un contraste saisissant. En explorant les lieux, nous découvrons dans le bâtiment d’entrée une fabuleuse collection d’Abarth, certainement la plus belle au monde…. Dans le château lui-même, plus de 200 motos du début du siècle aux années 60.

Dans le parc, un bâtiment abritant des tracteurs enjambeurs et d’énormes moteurs d’avions, sous une tente des véhicules de pompiers et, depuis 2019, un musée de l’aérospatiale sous un autre chapiteau.

Cet endroit, ces collections, on le doit à un MONSIEUR hors pair, Michel Pont, aujourd’hui décédé.

Que restera-t-il de ce lieu magique dans quelques années ? En tout cas, nous aurons été les témoins ébahis de ce temple de la passion, « il faut l’avoir vu et ressenti pour imaginer les énergies qu’il a fallu déployer pour créer ce lieu »

Les équipages partiront déjeuner à Beaune. L’après-midi, nous visiterons les hospices.

L’histoire des Hospices Civils de Beaune a commencé en 1443 par la volonté de Nicolas Rolin et Guigone de Salins de construire un hôpital : l’Hôtel-Dieu. Les fondateurs ont fait œuvre de charité et acte de mécénat, instituant ainsi une tradition qui a permis aux Hospices de Beaune de traverser l’histoire dans des conditions exceptionnelles.

L’originalité de cette institution hospitalière se situe dans l’importance et la nature de son patrimoine constitué d’une part d’un monument historique, l’Hôtel-Dieu de Beaune, qui n’accueille plus de patients ni de résidents âgés depuis le début des années 1980, et d’autre part de deux prestigieux domaines viticoles – le domaine viticole des Hospices de Beaune et celui des Hospices de Nuits, gérés indépendamment, exploitant les meilleures appellations de Bourgogne et dont la production est vendue chaque année aux enchères. Ainsi, par son patrimoine exceptionnel, cette institution hospitalière joue également un rôle de premier plan dans les activités majeures du territoire : le tourisme et le vin.

Après cette visite, les équipages prendront la route, direction Mulhouse. Nous arrivons à l’hôtel sans encombre. Toutefois, nous ferons quelques tours et détours de rond -points ! Nous comprendrons par la suite que le GPS d’un équipage était hors d’âge.

Mercredi 12 avril

Cette journée, centrale, de notre périple, nous emmènera au musée national de l’automobile de Mulhouse.

Le Musée National de l’Automobile abrite la plus belle collection automobile du monde réunissant plus de 450 voitures d’exception. En 1957, les Frères Schlumpf achètent une ancienne filature de laine, où ils installent quelques années plus tard l’ensemble de leur collection

Nous en prendrons plein les yeux, tellement les véhicules sont nombreux et exceptionnels, chacun trouvera chaussure à son pied, de la Bugatti Royale à la Renault 4L 2 portes !!, de la Mercedes SLR au coupé Simca 1501..oui oui, coupé, des nombreuses Formule 1, des innombrables Bugatti de toutes les couleurs, de tous les types, la liste serait trop longue, il faut le voir, le vivre, sentir les odeurs du cuir et de l’huile. Tout simplement INCROYABLE, à voir au moins une fois, tellement c’est beau !!!

La journée entière suffira à peine à en faire le tour, nous aurons aussi la chance de voir une exposition dédiée aux automobiles associées à notre comique, lui aussi National, j’ai nommé Mr Louis de Funes.

Jeudi 13 avril

Nous voilà jeudi, déjà dirons-nous, tellement ce voyage est agréable et riche en surprises et rencontres, plusieurs possibilités s’offriront à nous, certains iront à Sochaux visiter le musée de L’Aventure Peugeot, d’autres au musée du Train et de la locomotion, d’autres visiter la Région et les merveilleux villages. Colmar fera partie de la liste, certains y dîneront, nous ferons de belles rencontres et nous avons d’ailleurs dû extraire Lucien des bras d’une promise. Sacré Lucien !

Nous rentrerons à l’hôtel, certains se trompant d’adresse et parcourrons Mulhouse du Nord au Sud par deux fois : cette fois, le GPS était contemporain mais les utilisateurs étourdis ou fatigués, les deux sans doute.

Vendredi 14 avril

Il est temps de reprendre la route du retour, direction Dijon. Nous visiterons La Saline royale d’Arc et Senans, comme quoi, la passion automobile peut aussi être associée à la culture sous toutes ses formes.

Patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1982, la Saline royale d’Arc-et-Senans est une ancienne manufacture de sel, construite sous l’impulsion du roi Louis XV, entre 1775 et 1779. Chef-d’œuvre de l’architecte visionnaire Claude-Nicolas Ledoux, elle est un témoignage et un héritage rare dans l’histoire de l’architecture industrielle.

La visite terminée, nous reprendrons la route vers Dijon. La Passion ayant horreur du vide !, nous ferons escale pour faire des emplettes mécaniques ; en effet, au milieu de nulle part pour le commun des mortels, mais dans l’antre du Range Rover pour d’autres, nous serons accueilli par un couple sympathique et reconnu pour ce type de véhicule ;une fouille en règle s’opèrera pour dénicher quelques rares pièces en vue de la prochaine restauration d’un Range d’un des membres de l’équipe…

Samedi 15 avril

Stop et clip de fin pour ce périple, le chemin de Dijon à Tulle bouclera la semaine après 1 680 km et 300 mètres, dixit M Le président.

Cette semaine magnifiquement préparée et organisée de mains de maître par Jean-Louis comblera l’ensemble des équipages tant la densité, la richesse, la diversité et les magnifiques rencontres de ce voyage furent grandes. C’est à renouveler.

A lire aussi : l’énorme succès de la Journée nationale des véhicules d’époque, à Tulle.

Francis Juilhard